Plus de cent jours après les élections de juin 2010, plus de 1100 jours après les élections de juin 2007, Pro Bruxsel constate que l’attelage institutionnel continue à s’embourber, malgré les efforts courageux et prolongés des négociateurs : quand le sol est meuble, au plus les roues tournent, au plus le véhicule s’enlise.
Cet enlisement était prévisible : la structure actuelle de l’Etat belge est instable et ambiguë. Tout en reconnaissant les Régions (voulues à l’origine par les Wallons) elle fait la part belle aux Communautés linguistiques, auxquelles on a donné pouvoir et territoire (voulus à l’origine par les Flamands). Ce qui devait nécessairement polariser de plus en plus le pays en deux blocs opposés, tout en rendant les institutions de plus en plus complexes, coûteuses, et donc instables.
Depuis la mise en place de ce système boiteux, sa survie a été possible, par petits transferts de compétences successifs, tantôt vers les Régions, tantôt vers les Communautés, dans un cadre où le niveau fédéral gardait malgré tout des compétences importantes. On a pu ainsi temporiser, et se donner de part et d’autre de la frontière linguistique l’impression d’accords acceptables.
Cette évolution rencontre aujourd’hui ses limites : une plus grande décentralisation devient injouable dans un système qui garde la complexe dualité Communauté/Région. A Bruxelles en particulier, qui serait soumise pour sa gestion rapprochée à trois gouvernements distincts disposant sur son territoire de compétences encore accrues, forçant ses habitants au choix d’une sous-nationalité !
Surtout, depuis le début, le jeu est faussé. L’option communautaire a été utilisée par les nationalistes de Flandre comme un moyen stratégique leur permettant de nier ou cogérer Bruxelles, dans l’optique d’une future scission du pays. Les partis du Sud se sont empressés de créer en écho le fantasme d’une « nation francophone » rattachant Bruxelles à la Wallonie.
Pour Pro Bruxsel, la seule façon de sortir de manière durable et honorable de la crise actuelle est de tourner enfin clairement la page du communautarisme belge. En optant pour une structure simplifiée, basée uniquement sur les Régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles, et, s’ils le demandent, Région germanophone), il redevient possible d’approfondir l’autonomie régionale (ce qui correspond à une demande démocratique de la Flandre) sans mettre à mal la Région bruxelloise (ce qui correspond à une demande démocratique de ses habitants) ni la (con)fédération belge (ce qui correspond au souhait de la majorité des habitants du pays). Et on peut enfin donner à la Wallonie et à Bruxelles la possibilité d’intégrer chacune dans leurs compétences l’enseignement et la culture, ingrédients essentiels d’un projet régional ambitieux et performant.
A défaut, on laissera en place un communautarisme dépassé, dont les derniers soubresauts seront mortels pour ce pays et sa région centrale.
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