Philippe Delstanche
16/11/11
16/08/11
Oser mettre le modèle communautaire en question
Au moment où vont reprendre d’hypothétiques négociations institutionnelles, il est utile de rappeler quelques points essentiels :
1. ces négociations sont conduites par des partis tous mono-identitaires, basés sur une identité linguistique « pure », et tous communautaristes, c'est-à-dire : partisans du système communautaire belge tel qu’il existe ;
2. ces négociations ont pour point de départ la note du formateur Elio Di Rupo qui maintient et renforce sur de nombreux points les institutions communautaires ;
3. ce communautarisme à la belge est le principal facteur de blocage actuel : le front flamand s’opposant au front francophone ;
4. ce communautarisme à la belge, unique au monde, est le principal facteur de notre complexité institutionnelle, avec ses coûts et ses inefficiences qui sont surtout dramatiques à Bruxelles, où le système communautaire est en échec grave dans la gestion de l’enseignement ;
Il est urgent d’en tirer les conséquences. De nombreux citoyens, organisations et personnalités demandent – dans les trois langues nationales - des institutions simplifiées, basées sur les Régions et non plus les Communautés linguistiques.
Malheureusement, une telle évolution est difficile à concevoir pour la direction des partis traditionnels, enfermés dans leur posture communautaire depuis des décennies. Pourtant, seule une logique purement régionale permettra de donner à la Flandre le niveau d’autonomie à laquelle elle aspire tout en protégeant Bruxelles contre la volonté de la Flandre de cogérer celle-ci avec la Wallonie, via les Communautés linguistiques.
Il faut donc oser mettre enfin le communautarisme belge en question.
Après 420 jours de crise communautaire ouverte, ProBruxsel appelle solennellement les responsables politiques, les medias, et les associations citoyennes à ouvrir très largement ce débat.
27/12/10
Quoi de neuf en 2011 pour les Bruxellois ?
Six mois après les élections du 13 juin dernier, Bruxelles est encore toujours un des obstacles les plus importants à la conclusion d’un accord entre les vainqueurs de ces élections.
Six mois plus tard, les Bruxellois sont toujours sans réponses à leurs questions essentielles qui, si elles ne sont pas très prochainement résolues, deviendront dramatiques pour la vie quotidienne d’une majorité de citoyens. On pense, entre autres choses, à l’augmentation démographique importante et les besoins accrus en matière d’enseignement, de logement et d’accueil de la petite enfance, l’afflux très important de demandeurs d’asile que Bruxelles doit gérer sans aide extérieure, la gestion de la sécurité des multiples réunions politiques européennes et internationales, l’encadrement des deux cents manifestations annuelles diverses, sans parler des problèmes de circulation liés à ces divers événements. Et la Région bruxelloise est toujours structurellement sous-financée.
Mais, en cette fin d’année 2010, quel bilan peut-on faire et que peut-on espérer pour la future année 2011 ?
Tentative de bilan
Certes, depuis la première apparition de Pro Bruxsel à des élections, en juin 2009, de nombreux acteurs politiques bruxellois ont repris à leur compte, lors de déclarations plus ou moins spectaculaires, un certain nombre de nos revendications, telles que les listes bilingues à Bruxelles, la régionalisation de l’enseignement, un enseignement bilingue, un péage urbain, le prélèvement de l’impôt des personnes physiques sur le lieu de travail plutôt que sur le lieu de résidence, un financement équitable pour la Région bruxellois et bien d’autres encore.
Cela ne signifie pas pour autant que ces revendications sont reprises officiellement dans les programmes des partis auxquels appartiennent ces hommes et ces femmes politiques. En effet, çà ne leur coûte rien de reprendre nos arguments et cela leur permet d’argumenter que Pro Bruxsel n’est pas indispensable puisque, eux aussi, sont favorables aux thèses que nous défendons ! Habile manière de nous marginaliser sans frais. Cependant, ne boudons pas notre plaisir. Il est certain que si nous ne nous étions pas présentés aux suffrages des électeurs bruxellois, en juin 2009, jamais ces quelques propos en faveur d’une meilleure prise en compte de la réalité bruxelloise n’auraient reçu une telle publicité. Bien sûr les hypothétiques effets de ces mesures devront encore se faire attendre longtemps car les partis, tous communautarisés, n’ont aucun intérêt à voir le sort des Bruxellois s’améliorer au détriment du sort de la majorité de leurs électeurs, soit les Flamands d’une part et les Wallons d’autre part.
Cependant, ces prises de position de la part de certains politiques bruxellois posent clairement une double question. -Je ne parlerai ici que des hommes et des femmes politiques dont on peut reconnaître un véritable attachement à l’épanouissement de la Région bruxelloise, indépendamment de leur appartenance à un quelconque parti et non pas des déclarations de pure opportunité dont certains sont coutumiers. Si ces responsables politiques croient sincèrement dans ce qu’ils disent, et singulièrement lorsqu’ils reprennent certaines de nos propositions, pourquoi ne sont-elles pas plus fermement reprises par les instances de leurs partis respectifs ? Et, ensuite, voyant cette inertie partisane, pourquoi ne décident-ils pas de quitter leur parti pour se mettre davantage au service des Bruxellois au sein d’une formation spécifiquement bruxelloise et bilingue ? Je laisserai le soin à chacun de vous de répondre à ces deux questions. J’apprécierais également que certains de ces politiques, pour la plupart desquels j’ai un grand respect, puissent également apporter une réponse à ces deux questions.
Ce bilan en demi-teinte m’invite à envisager le futur de notre mouvement. Pro Bruxsel doit-il se réjouir de voir ainsi ses idées reprises par des ténors politiques bruxellois et considérer qu’une part importante de sa mission est réalisée ? Ou bien, ce début de reconnaissance de la justesse de nos thèses et de nos propositions doit-elle nous inciter à poursuivre notre démarche avec le même enthousiasme et la même détermination ? Ma conviction est que, si nos idées avancent, c’est bien, mais cela ne fait que renforcer la nécessité de les voir diffusées encore plus largement et, surtout, de les voir aboutir. Pour cela, nous devrons encore maintenir la pression et nous présenter aux suffrages des Bruxellois pour maintenir éveillée cette conscience régionale qui n’en est qu’aux premiers balbutiements. Parce que l’avenir que certains veulent écrire pour les Bruxellois est assez sombre.
Que nous réserve donc 2011 ?
Les négociations, ou les différentes étapes du psychodrame politico-communautaire auxquels les citoyens, flamands, wallons et bruxellois, assistent impuissants depuis plus de six mois, ne semblent pas apporter beaucoup de nouvelles très favorables aux Bruxellois, alors que tout le monde, au nord comme au sud de la frontière linguistique s’accorde à coups de rapports, tous les plus autorisés les uns que les autres, sur le fait que Bruxelles apporte au pays et singulièrement aux deux plus grandes régions bien plus que ce qu’elle leur coûte, c’est un euphémisme ! Certains rêvent d’un retour en arrière et de cogestion pure et simple de la Région bruxelloise, d’autres souhaitent au mieux un statu quo ou tout au plus un gonflement de l’enveloppe Beliris permettant de financer à Bruxelles des infrastructures utiles surtout pour les quelque 500.000 navetteurs et écoliers qui ne peuvent exister sans Bruxelles.
Il est bien clair, et nous l’avons exposé avec force depuis longtemps, que tant que persistera cette ambiguïté malsaine entre une régionalisation qui ne reconnaît formellement que la Flandre et la Wallonie et une communautarisation qui nie de fait l’existence de la Région bruxelloise, les Bruxellois ne seront jamais correctement traités. Bruxelles continuera d’exister pour le seul bénéfice de la Flandre et de la Wallonie. Bruxelles devra poursuivre ses laborieuses gesticulations administratives, politiques et financières pour tenter d’apporter d’insatisfaisantes solutions provisoires et bancales aux nombreux, criants et urgents problèmes des citoyens bruxellois.
Quelle que soit l’issue des actuelles négociations, le sort des Bruxellois ne sera guère amélioré. La vigilance reste indispensable. Plus que jamais, les Bruxellois ont besoin d’être entendus, représentés et défendus. Pro Bruxsel veut jouer ce rôle d’aiguillon de la politique bruxelloise. Chacun de nous devra s’engager fermement, avec courage et détermination, pour proposer une vraie alternative aux 7% de Bruxellois qui ne savent plus pour qui voter (sondage de La Libre du 20/12/2010). C’est la tâche qui nous attend à l’aube de cette année nouvelle 2011 que je souhaite heureuse et remplie de joies et de succès pour chacun.
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